Bluff, le spectacle en cours de création de la metteure en scène Mireille Camier

Dans le cadre de la campagne des Mécènes investis pour les arts 2020, l’équipe de la Brigade Arts Affaires de Montréal (BAAM) s’entretient avec les mécènes qui contribuent au programme et les artistes lauréats des dernières années.

La metteure en scène Mireille Camier, lauréate de la bourse des Mécènes investis pour les arts 2019, nous partage le processus de création de son prochain spectacle BLUFF et de son expérience avec le mécénat par le biais de sa compagnie de Productions Quitte ou Double.

Le parcours théâtral de Mireille Camier en bref 

Diplômée d’un baccalauréat en dramaturgie et mise en scène à l'Université Laval et d’une formation en interprétation théâtrale à l’École supérieure de théâtre de l’Université du Québec à Montréal, Mireille Camier a eu l’occasion lors de ses études de se rendre en Argentine pour perfectionner la direction d’acteurs. En 2011, elle met en scène son premier spectacle Le Chien, la nuit et le couteau du dramaturge allemand Mayenburg, présenté au Centre Segal. Elle présente ensuite sa mise en scène de Le Dragon d’Or au théâtre Prospero en 2014. Puis, en 2015, elle met en scène l’opéra La Fille du Régiment de Donizetti à London en Ontario, et En Attendant Godot à l’École supérieur de théâtre de l’UQÀM. Depuis trois ans, Mireille explore la place du numérique et des réseaux sociaux dans ses créations, avec entre autres, Ivresse de Falk Richter, présenté à La Chapelle -Scènes contemporaines en 2017, qui questionne nos relations à l’heure de réseaux sociaux, et Intersections, un projet qui rassemble cinq artistes dans cinq villes différentes en téléprésence, coproduit avec le Festival GREC de Barcelone. Depuis 2011, Mireille est directrice artistique de la compagnie de Productions Quitte ou Double au côté d’Amélie Langlais.

Spectacle numérique en cours de création dans 3 lieux différents 

Bluff, lauréat du programme des Mécènes investis pour les arts, est encore au stade de création. Le spectacle a bénéficié cet été d’une résidence de création en téléprésence dans trois lieux de diffusion au Québec : le Petit Théâtre du Vieux-Noranda, le Théâtre Outremont et le Centre Culturel Pauline-Julien de Culture Trois-Rivières. Le spectacle mettra justement en scène trois personnages dans trois villes différentes. Chaque comédien sera devant son public en salle et les trois salles seront réunies en direct par la téléprésence. Les protagonistes se révèleront, se questionneront, et débatteront autour de la question de l’authenticité à l’ère du numérique. Peut-on être « vrai » tout en contrôlant son image à l’écran ? Comment ne pas succomber à la tentation de transformer la réalité par l’usage de la caméra ? Par ce biais, le spectacle questionne notre rapport à l’espace et la distance via internet et comment nos personnalités se transforment avec. “Le territoire prend une nouvelle dimension avec les outils de communication actuels et nos relations se construisent autrement, ainsi que nos expériences” souligne Mireille Camier.  

La dramaturgie du spectacle se finalise avant la dernière résidence de création en janvier, afin de présenter le spectacle au grand public à partir du 30 janvier 2021 à la Société des Arts Technologiques (SAT), au Petit Théâtre du Vieux Noranda et dans quatre autres villes au Québec, si les mesures sanitaires le permettent. La pandémie de COVID-19 a évidemment bousculé l’échéancier de création du projet et ne permettra pas d’avoir une audience de 150 personnes à Montréal, mais une jauge réduite de 45 spectateurs maximum - bien en-dessous de ce qui était prévu. Une version du spectacle sera également disponible en ligne, grâce au développement d’une plateforme de diffusion. En effet, « avec un.e seul.e acteur.trice par salle communiquant à distance avec les deux autres, nous n’avions pas de difficulté à nous adapter à la distanciation. C’était déjà au cœur de la création.» ajoute Mireille Camier. 

Mireille Camier conclut sur le spectacle: « La situation que l’on vit actuellement a approfondi les thèmes déjà présents dans l’œuvre. Les questionnements initiaux ont pris un ancrage encore plus fort. Comment notre personnalité se transforme-t-elle par le média ? Comment la place de la visioconférence dans nos vies modifie-t-elle nos relations? Notre identité virtuelle, comment la mettons-nous en scène ? Comment cette nouvelle vie publique à travers les réseaux sociaux nous transforme-t-elle ? Nos relations à distance peuvent-elles être vraies? En quoi cela influence notre rapport à l’autre ?... Ce sont des réflexions qui résonnent tout particulièrement en ce moment. C’est pourquoi, on espère pouvoir jouer cette saison-ci même avec des publics moins nombreux.»