Collection corporative d'art contemporain de Loto-Québec : un exemple de démocratisation de la culture

Publié le 29 avril 2019 par Olivia Woerly
Indian Act (pages 24 & 25), Crédit photo : Collection Loto-Québec

Cette année, au Rallye des galeries, vous aurez le privilège d’avoir accès pour la toute première fois à la voûte de la collection privée d’art contemporain de Loto-Québec, exposée au siège social de la Société sur la rue Sherbrooke. Vous serez guidés par Lucia Michalkova, muséologue chez Loto-Québec, et Maude Darsigny-Trépanier, titulaire d’une Maîtrise en histoire de l’art. Cette exclusivité fait partie du circuit numéro 2 et vous amènera à découvrir différentes facettes d’une collection d’entreprise hors normes.

Une collection d’entreprise qui se renouvelle

La Collection Loto-Québec est une des plus importantes collections d’entreprise du Québec. Avec ses 5 000 œuvres de plus de 1 200 artistes, elle est partie intégrante du patrimoine culturel québécois. Depuis sa création, en 1979, elle contribue au rayonnement des artistes d’ici et est présente à travers différentes initiatives de médiation culturelle dans des parcours artistiques montés à même les établissements de jeux de la Société d’état, des legs culturels majeurs à la communauté et une présence dans diverses initiatives événementielles culturelles québécoises.

La Collection a pendant longtemps été guidée par un modèle de mécénat classique, où un budget annuel était alloué à l’achat et à l’exposition d’un certain nombre d’œuvres d’art contemporaines, sélectionnées par un comité composé de spécialistes en histoire de l’art et d’employés. Depuis 2015, la Collection a pris un nouveau virage. Avec la suspension des acquisitions et l’intérêt grandissant pour la responsabilité sociétale et l’adhésion sociale, elle s’est concentrée sur des partenariats stratégiques gagnants-gagnants. Ces partenariats ont pour objectif d’assurer la diffusion des œuvres auprès du grand public, favorisant ainsi l’accessibilité à la culture et le rayonnement culturel de Loto-Québec.

Entre autre chose, la Collection est présente cette année, respectivement pour la 8ème et la 5ème année consécutive à la Foire Papier, de l’Association des galeries d’art contemporain, et au Festival Chromatic, de Massivart. Sous forme de représentation d’œuvres numériques, d’exposition dans des lieux inusités ou d’expériences artistiques en casino, la Collection cherche à se positionner comme un outil de dialogue avec le public, mais aussi comme un levier de renouvellement et d’innovation créative.

Les œuvres du Casino de Montréal, dont certaines vous seront présentées au siège social de Loto-Québec, un exemple de parcours artistique unique en son genre

Marie-Ève Beaupré, conservatrice au Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), qui a monté ce parcours explique que « cette sélection réalisée sur mesure pour les espaces du Casino de Montréal a été conçue à partir du vaste inventaire d’œuvres appartenant à la Collection Loto-Québec, qui compte de nombreuses années de collaboration avec le MAC. Les principaux objectifs valorisés étaient de faire rayonner les œuvres marquantes d’artistes ayant travaillé au Québec, et à Montréal en particulier étant donné la localisation du Casino; de refléter la diversité des modes d’expression ainsi que la diversité des origines de leurs auteurs; de représenter le large nuancier des productions contemporaines, entre l’abstraction et la figuration, et de représenter plusieurs générations de praticiens, en s’assurant d’introduire le public de ces espaces aux pratiques des artistes de la relève. »

Notamment, deux pages (24 et 25) d’une œuvre emblématique de Nadia Myre y sont exposées, le Indian Act. Nadia Myre est une artiste d’origine algonquienne dont le travail allie sculpture, peinture, vidéo et écriture. Sa recherche est axée principalement sur l’identité autochtone, dans ses relations avec la langue, les personnes et l’environnement qui la constituent. Les matériaux et techniques privilégiés ont été ceux porteurs de langage, d'identité, d'héritage culturel et de communauté. Son recours récurrent au perlage s'est avéré à la fois une forme de revendication et de reconnaissance. La réactualisation de cette pratique s'est manifestée pour la première fois à grande échelle avec l'œuvre Indian Act. Dans le cadre de ce projet, l'artiste a invité 254 personnes sur une durée de deux ans à réaliser un travail de perlage visant à recouvrir les 56 pages de la Loi sur les Indiens. Ce texte légal sur les droits autochtones fut rédigé en 1876 et son amendement en 1985 symbolisa une victoire pour les femmes autochtones, leur redonnant le droit de conserver leur identité lors d'un mariage avec un homme blanc. L'art de Nadia Myre est particulièrement sensible au pouvoir d'échange et de partage dont dispose tout code, qu'il soit issu d'un mécanisme culturel ou législatif, qu'il soit illégitime ou abusif. Non seulement le projet Indian Act fut l'occasion de conserver vivante une technique traditionnelle, mais sa dimension spirituelle et méditative s'est avérée symbolique du processus de guérison d'une blessure collective, chaque perle étant enfilée comme une prière.

Ne manquez pas cette visite !

Si vous ne voulez pas manquer l’opportunité de voir cette œuvre de Loto-Québec (parmi d’autres), réservez dès maintenant le circuit 2 du Rallye des galeries BAAM 2019 en cliquant ici.

Billet par : Olivia Woerly