L’économie créative : La symbiose entre l'art et les affaires?

Publié le 25 février 2016 par Thomas Merdrignac

L’idée que l’on se fait du lien qui peut exister entre les artistes et les personnes d’affaires se résume souvent au mécénat. Les deux mondes semblent au premier abord distincts et peu perméables l’un à l’autre, s’opposant jusque dans leurs intérêts.

Pourtant l’émergence de l’économie de la connaissance et l’importance grandissante qu’a prise l’innovation dans l’économie ont poussé certains théoriciens, comme Richard Florida, à unir tous ces acteurs de l’innovation dans une nouvelle classe de travailleurs, qu’il nomme « the creative class ». Cette classe, qui ne cesse de croître, regrouperait les acteurs de la société capables de traiter l’information afin d’en produire quelque chose de nouveau plutôt que d’être des opérateurs se contentant de reproduire la même tâche. Cette notion de creative class unit les artistes à tout un pan de l’économie et à une multitude de métiers, tant dans le cinéma, le cirque, le design, la mode que dans les jeux vidéos.

Ces industries ont besoin d’inspiration, qu’elles puisent souvent dans d’autres œuvres culturelles ou dans le monde qui nous entoure, les guerres, les combats sociaux et idéologiques, l’Histoire, la science… La créativité se cultive ainsi dans les échanges que l’entreprise entretient avec son environnement.

Ces échanges passent d’abord par les individus qui composent l’entreprise. Chacun des acteurs de l’entreprise, des employés aux clients ou toute autre partie prenante, est fort d’un bagage culturel unique, qu’il s’est construit tout au long de ses expériences. L’expérience accumulée par chacun permet d’éveiller et d’entretenir sa créativité. Mise en commun, cette variété d’expériences est une source d’inspiration et d’innovation pour l’entreprise.

La variété et la richesse dans l’offre culturelle montréalaise, les universités, l’Histoire unique de la ville offrent un terreau fertile aux artistes. Les citoyens peuvent s’épanouir dans une variété de disciplines et enrichir leur culture personnelle et collective. Ainsi animée, la créativité participe à faire changer la société continuellement plutôt qu’à la figer dans le temps.

Les artistes participent à l’économie de la connaissance en créant un tissu dense de culture, riche d’une variété de facettes, d’une personnalité forte mais polymorphe évoluant sans cesse. Ils participent à rendre créatifs les acteurs des entreprises et à innover en permanence.

L’émergence de quartiers de travailleurs comme le Mile End, riche d’autant d’entreprises que d’artistes, témoigne de l’importance que le tissu artistique d’une ville peut avoir sur le besoin de créativité des entreprises pour s’adapter aux marchés toujours plus compétitifs. Ce besoin de se renouveler se ressent également dans l’effervescence autour de l’entrepreneuriat ou dans les considérations sociales toujours plus fortes de certains projets d’entreprises.

La faiblesse du raisonnement se trouve sans doute en partie dans l’idée que les artistes n’ont souvent que trop peu conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir sur l’économie d’une ville alors que trop d’entreprises se privent de la richesse que ces derniers pourraient leur apporter. Les gestionnaires n’ont que peu conscience du potentiel créatif que forment les artistes. Le lien qui unit les artistes et les entreprises semble fragile, entraînant parfois des conflits, de la méfiance ou simplement du rejet. Des projets structurants et partagés sont essentiels pour permettre à ces forces de s’organiser autour d’objectifs communs qui les feront grandir ensemble. Parce qu’une entreprise créative participe à son tour à enrichir la culture commune.

Thomas Merdrignac Billet par : Thomas Merdrignac